les citations
frairie n. f.
〈Surtout Deux-Sèvres, Vienne, Charente-Maritime, Charente, Limousin, Dordogne, Gironde (nord) spor. "fête annuelle du village". Synon. région. assemblée*, ducasse*, festin*, fête* votive, kilbe*, messti*, reinage*, romérage*, vogue*, vote*.
1. […] leur petit est parti en bicyclette à une frairie. Il faut bien que les enfants s’amusent ! Ça leur passera avant que ça nous revienne ! (G. de Lanauve, Anaïs Monribot, 1995 [1951], 124.)
2. Dans les autres cantons, le festival [de Confolens] a d’abord suscité la jalousie : on craignait qu’il n’entraîne un déclin des fêtes locales, des « frairies ». (Pays et gens de France, n° 54, la Charente, 4 novembre 1982, 11.)
3. Ansac-sur-Vienne […] la frairie du 15 août s’annonce plus brillante que d’habitude. (Charente libre, 11 août 1986.)
4. Frairie annuelle [à Xambes,] les 30, 31 août et 1er septembre. (Charente libre, 14-15 août 1986.)
5. C’est un homme discret. Il ne parle pas. Même les jours où il a bu un petit coup de trop, ce qui arrive, n’est-ce pas, les jours de « frairie » […]. (Th. Duret, Albertine au bord des chemins, 1988, 18.)
6. Son plus long trajet a été pour Limoges… Les exigences du travail à la ferme ne lui ont pas permis de prendre des vacances, ni même d’aller aux bals ou aux frairies locales. Seule, la foire a constitué une sortie habituelle, avec sa mère, bien sûr ! (P. Louty, Léonard, le dernier coupeur de ronces, 1995, 153.)
7. Depuis que je suis ici, je n’ai gardé que les bons souvenirs du temps que j’ai passé en bas. Tous les autres, les mauvais, je les ai oubliés. Je revois les jours de fêtes, les jours de frairies et je chante tout seul. (Panazô, La Françoise, 1996, 175.)
8. Linars / La frairie dopée par la course cycliste [Titre] / Les épreuves cyclistes du championnat départemental Ufolep se sont déroulées le week-end dernier à Linars, en même temps que se tenait la frairie. (Charente libre, 11 juin 1998, 11.)
9. À Montbron, la fête malgré tout / Le mauvais temps n’a pas empêché la frairie de la commune d’attirer les enfants et de festoyer à table le soir. (Charente libre, 1er octobre 1998, A.)
□ En emploi métalinguistique.
10. Les distractions étaient rares au village ; aussi la fête patronale constituait-elle le plus grand événement public de l’année. La fête, on l’appelle ici la frairie, comme ailleurs on dit la kermesse, la ducasse*. La frairie[,] en patois lo balado, ou la boto. / Elle se tenait le premier dimanche d’août [en note : Les frairies se tenaient en été, de juin à septembre. Elles subsistent tant bien que mal encore aujourd’hui.]. (F. Dupuy, L’Albine, 1978, 111.)

◆◆ commentaire. Attesté dep. ca 1165 (frarie "compagnie, fraternité", Benoist de Sainte-Maure, v. TLF), le mot a pris en fr. standard le sens de "festivité consacrée au divertissement et à la bonne chère" (dep. 1543, v. TLF). Mais dans une aire du Centre-Ouest de la France, il s’est spécialisé dep. le 15e siècle dans le sens de "fête annuelle du village", attesté dans le français du Bas-Poitou dep. 1490 (« a la fraierie Saint Pierre » Lettre de rémission en faveur d’un habitant des Herbiers (auj. Vendée), dans AHP 50 (1938), 193) ; c’est à partir de cette aire originelle poitevine, que ce sens a gagné le Limousin, le Périgord et Bordeaux, évinçant le supra-régionalisme occidental assemblée (v. ce mot). Ce sens est enregistré par les dictionnaires généraux contemporains : GLLF « dialect. » avec exemple de E. Le Roy ; TLF « région. » et Rob 1985 « région. […] (notamment dans l’Ouest) », qui tous les deux citent Giraudoux [originaire de Bellac, Haute-Vienne] ; NPR 1993-2000 « région. (Ouest) ». Il est particulièrement en usage en Charente, où il est exclusif de tout autre synonyme, comme l’indiquait déjà l’ALF.
◇◇ bibliographie. SaugerPrLim 1825, 38 (recommande frérie à la place de ballade) ; PépinGasc 1895 ; ALF 556 ; VerrOnillAnjou 1908 ; CormeauMauges 1912 ; MussetAunSaint 1932 ; DauzatStGeorgesD 1934-1946 ; TuaillonRézRégion 1983 (Périgord) ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; BoisgontierAquit 1991 ; ChaumardMontcaret 1992 ; FEW 3, 766b, fratria.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente, Charente-Maritime, 100 % ; Haute-Vienne, 85 % ; Deux-Sèvres, 75 % ; Vienne, 60 % ; Dordogne, 50 % ; Creuse, 45 % ; Vendée, 25 % ; Corrèze, 20 %.