les citations
canisse ou cannisse n. f.
Drôme, Provence, Gard, Hérault, Aude, Haute-Garonne, Aveyron, Lozère, Pyrénées-Atlantiques (est) usuel Le plus souvent au pl.
1. "graminée (Arundo donax L.) dont la tige séchée est employée à divers usages (claies, clôtures, coupe-vent, etc.)". Synon. stand. canne (de Provence). – Une claie en cannisses (M. Scipion, L’Homme qui courait après les fleurs, 1984, 229).
1. Les canisses : contrefaçon exotique infortunée, bambou mollasse, canne à sucre infructueuse, dont le mistral affole et échevèle bêtement les fanes sans couleurs. (J. Gracq, Lettrines 2, 1990 [1974], 18.)
□ Dans un commentaire métalinguistique incident.
2. Bien adaptées aux conditions climatiques du midi de la France, les cannes de Provence ou cannisses, récoltées dès les premiers froids, sont employées à la fabrication de cannes à pêches ou de coupe-vent. (Pays et gens de France, n° 32, le Var, 29 avril 1982, 18.)
3. Il y avait des roseaux partout : dans les terrains vagues, sur tous les talus, dans le moindre chemin de vigne. On les appelait canisses, ces tubes en bois creux obturés de place en place par des nœuds épais. (M. Rouanet, Nous les filles, 1990, 223.)
2. Par méton. Au pl. "claie faite des tiges séchées de cette graminée". J’ai déjeuné à la plage […] sous des canisses (L. Nucéra, Le Kiosque à musique, 1984, 18).
4. On l’appelait la Niçoise […], il paraît qu’elle prenait des bains de soleil quasiment à poil derrière les canisses de sa terrasse sur la rivière. (J.-P. Chabrol, Les Rebelles, 1965, 320.)
5. […] l’ombre des caves, des canisses, des ruelles fraîches et des recoins agréables de l’arrière-pays. (Pays et gens de France, n° 59, l’Hérault, 9 décembre 1982, 11.)
6. À un kiosque minable envahi par le sable et couvert de cannisses, je mangeai des frites et un hamburger dégoulinant de ketchup. (Fr. Joly, Be-bop à Lola, 1989, 103.)
7. […] contrairement aux idées reçues, le méridional [sic, sans majuscule], tout en aimant le beau temps, c’est-à-dire le ciel ensoleillé, recherche les douceurs de l’ombre. Il veut si possible des arbres. Sinon, il s’arrange avec une tonnelle, un auvent de toile ou de canisses. (J.-M. Tixier, Le Cabanon, 1995, 53.)
8. Des groupes se rassemblent contre la buvette, une baraque en planches coiffée de canisses. (Cl. Courchay, Quelqu’un, dans la vallée…, 1998 [1997], 63.)
9. Laugier traverse un séjour absolument nickel et débouche sur la véranda du jardinet derrière, bien enclos de murs, terrasse cimentée, tonnelle en cornières anciennes, les canisses roulées et les gousses grises de la glycine. (R. Merle, Treize reste raide, 1997, 125.)
10. La quantité de mûriers sur de vieilles photos et la taille de certaines magnaneries comme celles qui subsistent dans les maisons de Roland et de Robert Bancel, témoignent de cette époque [d’élevage du ver à soie]. Mais tout le monde ne dispose pas d’une magnanerie […]. « Chez Mathilde Ponge on avait installé les canis [sic] dans la chambre du papet*. » (Marie-Jeanne, dans R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, 1998, 28.)
11. Dans une alcôve, sur des canisses, séchaient des prunes. Grand-père les appelait les « pistoles ». (M. Fillol, Petites Chroniques des cigales, 1998, 108.)
V. encore s.v. cabanon, ex. 18.
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
12. Rappelons que l’espace vital pour une once d’œufs [de vers à soie] était de soixante mètres carrés environ, surface qu’on obtenait en superposant des « canis » [sic] (claies) en roseaux à quarante centimètres d’intervalle. (M. Liquière, « La “maniguiero” », Lou Païs 196, 1973, 243.)
13. À l’intérieur du grangeon [= petite cabane] on conservait les pommes sur des canisses, qu’on nomme en français des claies. (R. Barjavel, La Charrette bleue, 1980, 154.)
14. Il m’avait montré des photos prises par son petit-fils dans les années soixante-dix. On le voyait sur le cliché poser fièrement devant des plants de tomates monstrueux et des haricots menés en rame [= haricots à rames] sur des roseaux croisés. Ceux-ci étaient un des matériaux favoris des gens de son âge qui en faisaient aussi des toitures et des coupe-vent en les liant ensemble très serrés. C’est ce qu’on appelle les « canisses » mais aujourd’hui, cet art s’est perdu lui aussi. (J.-L. Magnon, Les Larmes de la vigne, 1996 [1991], 201.)
□ Dans un énoncé définitoire ordinaire.
15. Ensuite, nous fabriquâmes des canisses, qui sont des claies de roseaux sur lesquelles on fait sécher les figues. (M. Pagnol, Le Temps des secrets, 1995 [1960], 300.)
— Par ext. "claie faite d’un autre matériau".
16. Midi Grillages, grossiste et détaillant / Portails bois ou fer […] / Canisses roseau et plastiques (Annuaire téléphonique de la Haute-Garonne. Les Pages jaunes, 1995, dans MoreuxRToulouse 2000).
— Emploi sing. à valeur collective. Acheter de la canisse (MoreuxRToulouse 2000).

remarques.
1. Pyrénées-Orientales cagnis, ‑isse n. "id.". Pour protéger la vigne du vent, il faut disposer, de temps en temps, des cagnis. Une cagnisse servant de tonnelle (CampsRoussillon 1991). Emprunt à cat. canyís "conjunt de canyes" (AlcM ; aussi caniyssa "id."), qui a le sens de "claie de roseaux, treillis de roseaux" en cat. roussillonnais (BotetVocRoss 1997).
2. « Le collectif canisso […] est un terme très fréquent, passé d’ailleurs en français régional […] et qui se répand en français commun avec l’objet qu’il désigne. On vend aujourd’hui des canisses un peu partout en France » (Ph. Blanchet, « Calice, calisson, calzone, chausson […] », Z 114 (1998), 447).
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. 1600 (« On en fait [des Rozeaux ou Cannes] des clayes pour secher dessus toutes sortes de fruits, & y nourrir des vers à soye ; lesquelles clayes en Languedoc & Prouence on appelle Canisses » O. de Serres, Le Theatre d’agriculture, VI, 29, Huguet ; v. TLF), le mot est emprunté au pr. canisso "claie de cannes ; roseau" (Mistral ; non relevé dans la lexicographie avant ce dictionnaire). L’emploi métonymique, le plus anciennement attesté, est aussi celui qui connaît la plus grande extension géographique, puisqu’il est relevé à Toulouse et dans les Pyrénées-Atlantiques (Moreux), à Bordeaux (Ducloux) ou occasionnellement employé en référence à la Provence (ici, dans l’ex. 1, par un auteur angevin). Absent de GLLF, canisse est enregistré par Rob 1985 et NPR 1993 « régional », par TLF « région. (Provence) », Lar 2000 « surtout dans le Midi » et NPR 2000, sans marque.
◇◇ bibliographie. RollandGap 1810 ; ReynierMars 1829-1878 ; GabrielliProv 1836 canisse "claie" ; BrunMars 1931 canisse ; NouvelAveyr 1978 ; DuclouxBordeaux 1980 ; BlanchetProv 1991 s.v. canne ; CampsLanguedOr 1991 ; CovèsSète 1995 ; MazodierAlès 1996 pl. ; MoreuxRToulouse 2000 « régionalisme général et inconscient » ; FEW 2, 202b, canna.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (2) Hérault, 100 % ; Gard, 90 % ; Lozère, 85 % ; Aude, 75 %. – Pyrénées-Orientales, 100 % (cagnis) et 80 % (cagnisse).