les citations
vilain (faire –) loc. verb.
1. [Le sujet désigne une personne] fam.
1.1. Allier, Saône-et-Loire, Jura, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche, Haute-Loire "exprimer son mécontentement ; en part. se mettre ou être en colère".
1. – Remarque, fit Baptiste, ils se plaignent pas, les morts. On les a jamais entendus faire vilain. Faut croire qu’ils s’y trouvent pas si mal que ça, dans le trou. (R. Fallet, Les Vieux de la vieille, 1996 [1958], 12.)
2. – Les gens font vilain sur le trottoir, dit la mère. Ils finiront par casser les volets. (B. Clavel, Celui qui voulait voir la mer, 1988 [1963], 320.)
3. Quelquefois, même, quand il avait fini, il mettait son assitte par terre pour la [la chienne] lui faire lécher. La grand-mère faisait vilain. (D. Bayon, Au flanc de ma colline, 1995, 140.)
1.2. Normandie, Loire-Atlantique, Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Lorraine "avoir l’air maussade, de mauvaise humeur". Stand. faire grise mine, pop. tirer une sale gueule. – Après les élections, il faisait vilain (BrasseurNorm 1990). Il fait vilain comme un qu’aurait perdu un pain de sa fournée ! (BrasseurNantes 1993).
4. Tout le monde rigole […]. Ils sont tous contents du bon tour qui a été joué au r’horsain [v. horsain]. Ce dernier fait plutôt vilain. Plus il fait de grimaces, plus ça les fait rigoler tous […]. (R. Dubos, Histoires normandes, 1978, 114.)
2. [Le sujet désigne un chien] Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche, Haute-Loire (Velay) fam. "menacer en montrant les dents". Chaque fois que mon chien voit le facteur, il fait vilain (FréchetMartAin 1998).

◆◆ commentaire. Le type qqn fait vilain est attesté dep. 1903 dans le français de Mâcon (« faire vilain montrer du mécontentement »). Il est en usage principalement dans deux aires : une vaste aire lyonnaise et, à l’Ouest, en Normandie et Pays nantais, avec quelques traces passim en dehors de ces aires (Céline 1936 et Perec 1996 dans Frantext). On évitera de le confondre avec le type proche ça fait (du) vilain, attesté en frpr. dep. av. 1836 à Rive-de-Gier (Loire) (« je su d’ïna colère Que […] / O va faire vilain » G. Roquille, éd. par A.-M. Vurpas, Le Carnaval des gueux, 1995, 22, v. 1-18) et dep. 1885 en français (« Ne viens pas plus loin. S’il te voyait, ça ferait encore du vilain » Zola, Germinal, Frantext), ce second type appartenant au fr. de référence. Les dictionnaires généraux contemporains, en effet, sauf GLLF, indiquent il va y avoir du vilain (Rob 1985 ; NPR 1993-2000 ; Lar 2000), tourner au vilain (Rob 1985 ; NPR 1993-2000), ça va faire du vilain (NPR 1993-2000), ça a fait vilain (TLF, citant Genevoix 1925) ; TLF est le seul dictionnaire général enregistrant faire du vilain, avec un sujet personnel (citant Cendrars 1946).
◇◇ bibliographie. TuaillonRézRégion 1983 (Normandie) ; MeunierForez 1984 ; LepelleyBasseNorm 1989 ; MartinPilat 1989 ; BrasseurNorm 1990 ; DucMure 1990 ; LanherLitLorr 1990 ; VurpasMichelBeauj 1992 « usuel » ; BlancVilleneuveM 1993 « usuel » ; BrasseurNantes 1993 ; FréchetMartVelay 1993 « usuel » ; GagnySavoie 1993 ; LepelleyNormandie 1993 ; VurpasLyonnais 1993 « bien connu » ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; ValMontceau 1997 « expression très usitée » ; FréchetMartAin 1998 « usuel » ; MichelRoanne 1998 « usuel » ; FEW 14, 455b, villanus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Sarthe, 100 % ; Basse-Normandie, 85 % ; Meurthe-et-Moselle, 75 % ; Vosges, 55 % ; Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, 40 % ; Maine-et-Loire, Meuse, 30 % ; Moselle, 25 %.