les citations
couillonnade n. f.
Provence, Gard, Hérault, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Lot, Aveyron, Pyrénées-Atlantiques, Gironde fam.
1. "sottise, bêtise, naïveté d’esprit".
1. La petite presqu’île
Où jadis bien tranquille
Moi je suis né natif
Soit dit sans couillonnade
Avait le nom d’ad-
jectif démonstratif. (G. Brassens, « Jeanne Martin », 1973, Poèmes & Chansons, 1991, 387.)
2. Par méton.
2.1. "acte, discours ou comportement manifestant la sottise, la bêtise, la naïveté d’une personne". Stand. fam. ou pop. connerie. Synon. région. cagade*. Couillonnades politiques (J.-Cl. Gaudin [maire de Marseille], dans Le Monde, 15 octobre 1998, 2).
2. Moi je ferme les yeux parce qu’elle m’énerve.
– Vous êtes malade ? elle dit. Je comprends que je vous fatigue avec mes couillonnades. Allez ! Je m’en vais ! (Th. Monnier, Madame Roman, 1998 [1957], 73.)
3. – […] les femmes seules, c’est comme des chèvres sans chien : ça ne fait que des couillonnades… (M. Pagnol, Manon des sources, 1995 [1963], 922.)
4. […] une légende racontait que, croyant la lune noyée, ils [les gens de Lunel] étaient allés la pêcher sur les rives d’une branche du canal de Beaucaire à Sète à l’aide d’un panier percé. Une couillonnade qui leur avait valu également d’être mis en chanson et raillés […]. (J. Durand, André Bouix, gardian de Camargue, 1980, 85.)
5. – Et c’est pour me dire des couillonnades pareilles que tu as tenu à me déranger avant de mourir ?
– Ce sont peut-être des couillonnades mais c’est d’elles que je meurs… (Y. Audouard, La Clémence d’Auguste, 1986 [1985], 145.)
2.2. "chose de peu de valeur, sans intérêt". Stand. fam. ou pop. connerie. – Eh* bé, ton film, c’était une brave* couillonnade (NouvelAveyr 1978).
6. – Je m’appelle Marcel Pagnol, et voici le manuscrit de Marius. […] un rôle en or, vous seriez maître Panisse.
– Maître Panisse ? Bon, laissez-la moi votre couillonnade marseillaise, je la lirai… et revenez me voir dans quelques jours. (P. Brun, Raimu mon père, 1980, 77.)
7. Il ne me reste donc que la maison et un arpent de terre ! […] La maison ? Elle est grande comme rien […]. À présent que veux-tu que je fasse de cette couillonnade ? (R. Blanc, Clément, Noisette et autres Gascons, 1984, 120.)
8. Il m’est même arrivé […] d’écrire des histoires parfaitement imaginaires.
À chaque fois je tombais sur un ami qui me disait :
– J’ai lu ta petite « couillonnade »… Elle m’a bien fait rire […].
Mais mon interpellateur poursuivait sur un ton de reproche amical :
– Tu y es allé quand même un peu fort, les choses ne se sont pas du tout passées comme tu racontes ! (Y. Audouard, Les Contes de ma Provence, 1986, 32.)
— Emploi non-comptable.
9. – Les médailles […], ça vieillit toujours les gens qui les portent. Mémé te dirait que c’est de la couillonnade avec du ruban et de la ferblanterie autour. (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 374.)
2.3. "plaisanterie, farce ; discours facétieux". Stand. fam. ou pop. connerie. Synon. région. galéjade*.
10. – C’est vrai ? […].
– Ouais, mais faut le dire à personne ! Tu promets ?
– Je le jure !
Et voilà, emballée la couillonnade ! Il suffisait de lui faire promettre de rien dire pour qu’il y croie. (J. de Bougues-Montès, Chez Auguste. Histoires truculentes et vraies du Bassin d’Arcachon, 1982, 38-39.)
11. C’est un rieur, ton homme, et j’aime bien être à ses côtés parce que son esprit déborde de couillonnades à faire. (R. Blanc, Clément, Noisette et autres Gascons, 1984, 135.)
12. Tout le monde l’aimait [Philibert] pour sa largesse, ses coups de gueule qui en faisaient un personnage capable de rivaliser avec n’importe quel phénomène du village. Dès qu’il apparaissait quelque part on attendait de lui quelques couillonnades jamais entendues. Il inventait toujours quelque chose de nouveau pour faire rire les autres. (G. J. Arnaud, Les Oranges de la mer, 1990, 131.)
13. Les « couillonnades » des jeunes ont lieu essentiellement les soirs de réveillon, en pleine nuit. […] La liste des couillonnades est longue. Henri Vassier, grand spécialiste en la matière, raconte qu’avec ses amis, il a peint en vert la chèvre de Maurice Marseille. Une autre fois, ils ont bouché avec des fagots la rue du Four. (R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, 1998, 92-93.)
V. encore s.v. quiller, ex. 1.

◆◆ commentaire. Dér. sur fr. couillon, avec le suffixe ‑ade, couillonnade est attesté en français av. 1577 (couïonade "acte de couard" Monluc, éd. Pléiade, 131 et 187), dep. 1763 couillonnade "plaisanterie, sottise" (« Le P. Berruyer, comme disent les Italiens, nous conte des couillonnades » Henri-Jospeh Dulaurens, L’Arétin moderne, Bibliothèque des curieux, 1920, 289)a ; 1791 "vétille" (Hébert) et 1856 "acte stupide" (Flaubert), ces deux derniers dans TLF. Le terme appelle ici le même commentaire que le simple quant à son registre (régionalisme de statut) ; mais on notera que l’emploi 2.3. est inconnu du français non méridional (cf. le commentaire s.v. couillonner).
a Ces deux références sont dues à P. Enckell qui évoque, à propos de la seconde, une possible modernisation de la graphie, au vu de l’exemple suivant du même auteur, en 1767 : « Le Seigneur Olivier se vantait de baiser la belle Jacqueline, fille de l’Empereur, quinze fois. L’Empereur Hugon entendit cette Coullionade [en note : expression Italienne qui veut dire plaisanterie.] » (Id., Les Abus dans les cérémonies et dans les mœurs, Genève, Pellet, 1786, 159).
◇◇ bibliographie. ContejeanMontbéliard 1876 ; PuitspeluLyon 1894 couyonnade ; NouvelAveyr 1978 ; KellerRussoBéarn 1985 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; CouCévennes 1992 ; MazodierAlès 1996 ; ArmKasMars 1998 ; MoreuxRToulouse 2000 ; SuireBordeaux 2000 ; FEW 2, 889b-890a, coleus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.