les citations
collègue n. m. et f.
Basse Bretagne, Isère (Vienne), Drôme, Provence, Hérault (Sète), Gironde fam. ou pop. "personne avec laquelle on a des relations de proximité, de travail, parfois des liens d’amitié". Stand. ami, camarade, connaissance, fam. copain. – Nous sommes collègues (Enfants de 12 ans, dans TennevinProv 1972). La camaraderie règne entre nous […], chacun respectant son collègue (Les Carnets de guerre de Gustave Folcher, 2000 [1981], 239). Je suis champion d’Europe avec l’équipe de France et je vais fêter ça avec tous mes collègues (Zineddine Zidane, France 3, dimanche 2 juillet 2000, 23 h 45).
1. – […] Tu étais bien collègue avec ma mère ? (J. Giono, Les Âmes fortes, 1949, 70.)
2. Roger Bouvier avait commencé sa vie professionnelle comme libraire ; il avait ensuite été correcteur au « Méridional », puis journaliste successivement au « Soir » et au « Provençal » : nous y fûmes confrères, nous restâmes « collègues ». (J. Bonnadier, préf. à R. Bouvier, Tresse d’aïet, ma mère, 1997, 11.)
3. Le murmure des conversations d’enterrement. / – […] Leur dire quoi à ces vieux ? Et même aux collègues de ton âge qui ont pu venir. (R. Merle, Treize reste raide, 1997, 8.)
4. « Les premiers membres [d’un groupe de supporters] c’était un peu… les sympathisants, ceux qui avaient envie d’aller au stade et de délirer avec nous. C’était le cousin de Camille par exemple, c’était mon voisin, c’était des collègues de classe, du collège, quoi. » (Témoignage, dans N. Roumestan, Les Supporters de football, 1998, 3.)
5. « Je veux dire, Marseille, c’est Marseille, quoi ; boire le pastis et tout […] c’est… ch’sais pas moi, c’est le bambou [= cigarette de cannabis], c’est les collègues, c’est le stade, c’est la mer […]. » (Témoignage, dans N. Roumestan, Les Supporters de football, 1998, 150.)
6. Une marchande de sardines a dit en riant :
– Regarde ce petit*. Il a le cul tout mouillé.
À quoi l’une de ses collègues a répondu :
– Il vaut mieux avoir le cul mouillé que la conscience pas tranquille ! (Y. Audouard, Le Sabre de mon père, 1999, 51.)
7. Tous les collègues qui se rencontraient au café en exhibaient de ces histoires comme s’il en pleuvait. Ils en avaient tous une à dire. (P. Magnan, Un grison d’Arcadie, 1999, 75.)
□ En emploi métalinguistique.
8. De fait, lorsqu’il [un soldat] partait « en reconnaissance » dans les cantonnements les plus razziés par les passages des troupes, là où ses « collègues », suivant son expression, « ne rapportaient pas de quoi remplir une feuille de persil », lui ne revenait jamais bredouille. (G. Combarnous, Mamette de Salagou, 1973, 155.)
— Comme terme d’adresse. Stand. fam. mon vieux.
9. Ô collègue ! / je mets la main à la Plume pour te dire que les grive sont pas venu cet année. (M. Pagnol, Le Château de ma mère, 1995 [1957], 220 [Lettre d’un écolier à un camarade, sic pour la graphie].)
10. Ugolin s’avança.
– Ô collègue ! C’est encore des meubles ?
– Quelques-uns, dit le muletier. C’est surtout des caisses de livres, des caisses de vaisselle, et de grandes malles pleines de linge et de costumes. (M. Pagnol, Jean de Florette, 1995 [1963], 739.)
11. – Ô mon collègue, si tu n’aimes plus ça, ce n’est pas une raison pour en dégoûter les autres. (Y. Audouard, La Clémence d’Auguste, 1986 [1985], 92.)
12. – Alors, mon collègue, qu’est-ce qui t’amène ?
– C’est à cause de mon petit*. Il est patraque en ce moment.
– Ton petit ! Qu’est-ce qu’il a, le pauvre ? (Y. Audouard, Les Contes de ma Provence, 1986, 16-17.)
13. Déçu par les bouges à touristes du Vieux-Port, je m’étais dit qu’aux charmes safranés de leurs hôtesses mon devoir de journaliste commandait de préférer les rondeurs septuagénaires du roi de la bouillabaisse. Il fut parfait, Alphonse Mounier, dit Fonfon […]. Je devais être le […] dix millième convive auquel il donnait à voir sa goûteuse comédie intitulée : « La bouillabaisse, collègue, c’est pas du pot-au-feu. » (P.-M. Doutrelant, La Bonne Cuisine et les autres, 1986, 49.)
14. Il [le facteur] se dirige vers la rangée de boîtes aux lettres rouillées, cabossées, accrochées à un des murs vermoulus du porche, et commence sa distribution en sifflotant comme d’habitude Le Pont de la rivière Kwaï. J’incline légèrement mon béret et m’approche en sifflotant le même air. Il se retourne en rejetant sa casquette vers la nuque et me lance :
– Salut collègue ! (Cl. Couderc, Le Petit, 1998 [1996], 134.)
15. La BMW du Chinois les dépassa puis ralentit. Le Chinois fit coulisser la vitre et se pencha au dehors.
– J’ai du boulot pour vous, les collègues. Si vous retrouvez le gars qui a fait ça, je vous donne tout ce que j’ai. (Fr. Thomazeau, Qui a tué Monsieur Cul ?, 1998 [1997], 20.)
V. encore s.v. engatse, ex. 5 ; s.v. fatche, ex. 6 ; s.v. galéjer, ex. 9.
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
16. Chaque exploitation vivait […] pratiquement en autarcie, ce que parvenait à faire parfaitement chaque groupe de parenté. Et si ce n’étaient des parents, c’étaient des « collègues » (ce qui signifie « amis » en français régional) qui assuraient le fonctionnement du système de troc, entre membres de la paysannerie. (A.-M. Topalov, La Vie des paysans bas-alpins à travers leur cuisine, de 1850 à 1950, 1986, 113.)
17. Ayant à réfléchir sur les attentes des Marseillais, ils [un groupe de notables] retinrent au nombre de leurs conclusions les « collègues » (mot qui, dans le parler marseillais, ne désigne pas les confrères mais les copains, les amis, les relations que l’on retrouve au bistrot, sur les gradins du stade Vélodrome, au cabanon*), et l’attrait de la villégiature. (J.-M. Tixier, Le Cabanon, 1995, 126.)
se faire collègue avec qqn loc. verb. "se mettre bien avec qqn".
18. – Ça a l’air bonnard ici ! C’est tranquille, non ?
– Oui ! Le plus compliqué, c’est de se faire bien collègue avec le planton, à l’accueil, et aussi avec les autres, là-haut, à l’administration. (Ph. Carrese, Trois jours d’engatse, 1995, 182-183.)
— Dans l’appellation d’un groupe musical méridional. 100 % Collègues vient de publier son deuxième album (Le Monde, 12 octobre 2000, 34).
— Emploi adj.
19. « Ça se trouve que nous avons un groupe collègue, étranger, c’est la “Fossa dei Grifoni” […]. » (Témoignage dans N. Roumestan, Les Supporters de football, 1998, 147.)

◆◆ commentaire. Attesté en français de Provence dep. 1872a (« À propos, collègue… » A. Daudet, Les Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, dans MichelDaudet), et surtout caractéristique du sud de la France, cet emploi par extension de fr. collègue "celui qui exerce la même charge qu’un autre" (dep. av. 1520, Seyssel, dans TLF), est enregistré dans GLLF « Dans le Midi », Rob 1985 « fam. et région. (Sud de la France) », NPR 1993-2000 « fam. et région. (Midi) », mais mal dégagé dans TLF.
a Mais ce n’est sans doute pas un hasard si GabrielliProv 1836 signale le mot, bien que ce soit pour une question de prononciation : « Faites entendre les deux l, et ne prononcez pas colègue, mais col-lègue. »
◇◇ bibliographie. MichelDaudet ; 1906 « Collègue, d’où sors-tu comme cela ? » (Fr. Mistral, Mémoires et récits, dans Gens de Provence, Paris, 1997, 191) ; BrunMars 1931 ; TennevinProv 1972, 51 ; GonthiéBordeaux 1979 ; BouvierMars 1986 ; MartelProv 1988 ; BlanchetProv 1991 ; ArmanetBRhône 1993 ; CovèsSète 1995 ; FréchetDrôme 1997 « usuel » ; ArmKasMars 1998 ; RoubaudMars 1998, 87 ; BouisMars 1999 ; FEW 2, 896b, collega.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Hautes-Alpes, Finistère, Morbihan, 100 % ; Alpes-Maritimes, 90 % ; Bouches-du-Rhône, Var, 80 % ; Côtes-d’Armor, 65 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse, 50 %.