les citations
fin1, fine adj.
Loire-Atlantique, Mayenne, Sarthe, Indre-et-Loire, Vendée, Loire (Poncins), Ardèche (Mariac), Haute-Loire (Brivadois), Cantal, Puy-de-Dôme, Creuse, Corrèze fam. Généralement en fonction d’attribut.
1. pas / point fin "bête, sot, niais". Mais le Jean-Marie n’était pas fin et moi je manquais complètement d’esprit d’à-propos (A. Sylvère, Toinou. Le cri d’un enfant auvergnat, 1980 [av. 1963], 104).
1. C’étaient les mêmes yeux bleus au regard sans vie, la même bouche découvrant en un sourire imbécile de grosses dents plantées irrégulièrement. On le déclarait « pas fin », ce qui ne me gênait guère. On le reconnaissait « pas méchant », ce qui était fort appréciable. (A. Sylvère, Toinou. Le cri d’un enfant auvergnat, 1980 [av. 1963], 92.)
2. Il est un peu pas fin : quand il vient à la maison, il taconne [= frappe avec insistance] à la porte, tu dirais qu’il va la casser. (GononPoncins 1984, s.v. taconner.)
— Emploi subst. La patronne se met à rigoler comme une point-fine (H. Bouyer, Le Populaire de l’Ouest, 6 décembre 1949, dans BrasseurNantes 1993).
3. C’était encore un de ces « pas fins », si nombreux parmi les paysans de chez nous. (A. Sylvère, Toinou. Le cri d’un enfant auvergnat, 1980 [av. 1963], 110.)
4. Je me rappelle dans le temps, quand les gars de la ville causaient des paisans [sic], qu’on était des moins que rien, des point-fins, des attardés et tout, soi-disant […]. (H. Bouyer, L’Éclair, 7 juin 1969, dans BrasseurNantes 1993.)
5. – Qu’est-ce qu’ils me veulent, ces bredins*-là ?
« Bredins* » est un mot de par là pour dire « Des pas fins… ». (A. Aucouturier, La Tourte aux bleuets, 1997, 8.)
2. Souvent dans des syntagmes exprimant le haut degré (n’) être pas bien/trop fin (personnes), ce (n’) est pas bien fin (propos, pensées). Elle est pas bien fine (MazaMariac 1992). Il est bien brave*, mais il n’est pas bien fin, c’est pas lui qui a inventé l’eau tiède (PotteAuvThiers 1993).
6.Té*, François, je pensais à quelque chose. Ce n’est pas bien fin, peut-être… Mais prends-le comme ça vient, d’une vieille bête, si tu veux. Tu calculeras* là-dessus quand même… (M. Chaulanges, Les Mauvais Numéros, 1971, 60.)
7. Ce lourdaud de Victor, comme disait sa belle-mère… […] il est bien brave*, mais pas bin [sic] fin… ajoutait-elle dans l’intimité. (M. Exbrayat, Maria de Queyrières, 1990, t. 1, 52.)
— En part. (n’) être pas/point (trop) fin "se montrer désagréable, méchant, malfaisant". Stand. pop. vicieux.
8. Elle n’osait pas pleurer devant le Père, surtout que le dimanche y n’était point trop fin, rapport à la goutte qu’y s’enfilait avec les copains au bistrot, après la messe. Fallait pas le chatouiller, il avait vite fait de sortir son martinet. (P. Guicheney, On se meurt apprenti, 1997, 17.)
9. – […]. Mais surtout ne crie pas. Si le garde se trouvait dans le coin, il t’entendrait. Il n’est pas trop fin : il nous collerait un procès. (Y. Brochet, « Allez, tôpette ! », 1998, 104.)
● [En parlant d’un animal].
10. – […] Il serait capable de me jeter par terre comme une brindille, ce bestiau-là !… Avec ça qu’il a de vilains crocs !
Toujours accotée au chambranle, la fermière de la Rouerie confirma, impavide :
– Surtout qu’il n’est point fin !
Les Faraud échangèrent un coup d’œil. Ils savaient ce que voulait dire, dans le pays, « un chien point fin » : mieux vaut ne pas s’y fier !… (C. Tessier, Eugénie du Château-vert, 1988, 186.)

◆◆ commentaire. Ces locutions adjectivales, rarement employées dans la langue écrite, n’appartiennent pas au français de référence (elles manquent dans la lexicographie générale) et leur usage n’est pas standard, mais il est probable que leur apparence anodine (et, peut-être aussi, leur fort enracinement dans certaines zones) n’a pas favorisé leur prise en compte dans les relevés régionaux. L’emploi de pas fin en 1648 chez le Parisien Claude de L’Estoile (Frantext), et sa présence au Québec (v. GPFC 1930, DHFQ 1998 ; aussi subst.) et en Acadie (PoirierAcadG ; aussi subst.) montre que l’on a affaire à un archaïsme. En France, le caractère régional semble acquis dans la seconde moitié du 19e siècle : point fin se trouve en 1855 chez Sand (Frantext) et les types point fin et guère fin (cf. frm. guère fin I. de Charrière 1787 et Gozlan 1836 ; Frantext) sont relevés respectivement en 1899 et 1901 dans les parlers de Pléchâtel (Ille-et-Vilaine) et du Bas-Maine (FEW). Les usages actuellement observés (avec différents degrés de cohésion, jusqu’à la substantivation) apparaissent dans une bande centrale de la France où ils forment notamment une aire cohérente dans le nord du Massif Central (dans laquelle pas fin est connu de tous sans être stigmatisé).
◇◇ bibliographie. EudelNantes 1884 point-fin ; BonnaudAuv 1976 ; SabourinAubusson 1983 et 1998 s.v. fin « s’emploie surtout négativement » ; MazaMariac 1992 ; BrasseurNantes 1993 s.v. point-fin ; PotteAuvThiers 1993 s.v. fin (non dégagé, mais dans l’unique exemple) ; Rézeau (Vendée) ; FEW 3, 566b, finis.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, 100 %.