| penn-ti [penti] n. m. 〈Basse Bretagne〉 usuel "petite maison traditionnelle (ne comprenant souvent autrefois qu’une seule pièce)
                                 ou présentée comme telle, couverte d’ardoises".
                            1. Ils habitaient un « pen-ti », une petite maison, non pas au port, mais sur le coteau qui dominait la côte, entre
                              le bourg* et celle-ci. (R. Madec, L’Abbé Garrec contre Carabassen, 1957, 46.)
                            2. Vous savez aussi que les hautes maisons de construction récente, à la campagne, attirent
                              la clientèle des gens du pays tandis que le plus misérable penn-ti ou même la ruine qu’il en reste se disputent à prix d’or entre les citadins qui viennent
                              souvent de très loin pour s’en rendre acquéreurs et les transformer à grands frais
                              en résidences secondaires. (P.-J. Hélias, Le Cheval d’orgueil, 1975, 527.)
                            3. […] une petite fermette entre Guilvinec et Treffiagat [Finistère], composée d’un pennty, d’une petite étable avec deux vaches. (L. Jégou, Le Bénitier du diable, 1982, 23.)
                            4. L’exploitation figure au cadastre de 1828 [de la commune de Scaer (Finistère)] et
                              selon le propriétaire, il s’agirait d’un ancien penn ti (demeure d’ouvriers agricoles). (D. Le Couëdic et J.-R. Trochet, L’Architecture rurale française. Corpus des genres, des types et des variantes. Bretagne, 1985, 115.)
                            5. […] la maisonnette dont j’avais hérité de mes parents, un penty planté sur un bout de lande bretonne, face à la mer, du côté de Perros-Guirec. (H. Jaouen,
                              Histoire d’ombres, 1991 [1986], 140.)
                            6. […] sous les toits d’ardoises immuablement plombées et léchées de lichen, d’un penty à l’autre […]. (Bayon, Les Animals, 1990, 287.)
                            7. – […] Elle habite seule dans un « penty » au bord du chemin. (J. Failler, La Mort au bord de l’étang, 1996 [1993], 134.)
                            8. Il était une fois, il y a très longtemps, du côté de Koadri, un paysan qu’on appelait
                              Yann Berr [en note : Jean Le Court] tant il était petit. Sa femme se donnait du mal pour trouver chaque
                              jour quelques poignées de farine afin de touiller une bouillie tandis que Yann cherchait
                              à conserver de quoi semer. « Les deux bouts de son existence avaient toujours du mal à trouver assez de longueur
                              pour se nouer ! » disait-on et la terre attenante à son penn-ti [en note : littéralement, un bout de maison (petite maison)] était trop étroite pour les bouches
                              à nourrir… (A. Jacq, Légendes de Bretagne, 1996, 177.)
                            9. […] au bout du compte, les « investissements » destinés à drainer hâtivement les foules sont précisément ce qui finit par les éloigner.
                              La côte sud de la Bretagne s’est laissée aller, enchaînant les penn-tia modèle standard, encerclant les grèves* d’un ruban de bitume. Il est clair, à présent, que c’est le Nord, moins enlaidi,
                              qui suscite le rêve, malgré ses averses. (H. Hamon, Besoin de mer, 1999 [1997], 100.)
                              
                               a En note : […] l’expression a désigné la bicoque traditionnelle et, enfin, les pavillons « typiques » construits en série.
                               10. Alors, elle songea à vendre : le notaire le lui avait suggéré, qui s’était spécialisé
                              dans le négoce des penty et fermettes aux Anglais. (H. Jaouen, L’Allumeuse d’étoiles, 1998 [1997], 51.)
                            11. Les parents de Yann Fañch étaient très pauvres […]. Une petite maison de terre battue,
                              un penn-ti de moins de treize mètres carrés, les abritait. C’était une pièce éclairée par une
                              minuscule fenêtre qui donnait sur une table-coffre où ils rangeaient le pain et le
                              reste. (Y. Le Men, La Clef de la chapelle est au café d’en face, 1997, 142.)
                            V. encore s.v. crèche, ex. 15. □ En emploi métalinguistique. Voir s.v. longère, ex. 1 et 13.
                            □ Dans un énoncé définitoire ordinaire. […] penn-ti (c’est la petite maison de chaume des ouvriers agricoles) (M. Le Lannou, Un bleu de Bretagne, 1979, 49).
                            ■ graphie. Les diverses graphies témoignent de l’insécurité linguistique qui entoure ce terme
                              sans tradition lexicographique française ; l’absence de marque du pluriel dans les
                              ex. 9 et 10 témoigne d’un transfert imparfait.
                            ◆◆ commentaire. Transfert du bret. pennti "maison d’habitation ; maison sans dépendances" (Hémon), attesté av. 1905 dans le français de Bretagne (« Comme auprès de toutes les fermes alors, il y avait aussi [près d’un château] trois
                              petits pen-ty pour des journaliers » J.-M. Déguignet [1834-1905], Mémoires d’un paysan breton, éd. par B. Rouz, Éd. An Here, Finistère, 1998, 71). Le terme est usuel dans le français
                              de Basse Bretagne, où il correspond à des référents divers (v. la note correspondant
                              à l’ex. 9). Il n’est pas pris en compte par les dictionnaires généraux du français
                              et un article penn-ti manque au FEW.
                            △△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Côtes-d’Armor, 65 % ; Finistère, 60 % ; Morbihan, 25 %.
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